Lois des clans Tchétchènes
rédigé par Oezda Qam
Un ensemble de règles régissaient le comportement des individus en société. Mais des règles concernaient également les clans, les tayps.
Au nombre de 8 pour Avtorkhanov ou encore 23 pour Mamakaev, comprendre ces règles permet de mieux comprendre les tayps et leur fonctionnement.
Nous allons voir ces caractéristiques dans l’ordre de Mamakaev, avec l’avis de Avtorkhanov, Nataev, et des autres chercheurs.
Plusieurs chercheurs le comprennent comme l’interdiction de transgresser les règles établies par les tayps. Du côté Daghestanais par exemple, chaque village établissait ses propres adats (lois coutumières) alors que chez les tchétchènes, les Adats avait une valeur nationale, le but de ce mode d’organisation étant la protection des intérêts à la foi individuels et communs.
En réalité c’est un peu faux selon Nataev. Il n’y a que la proche famille de la victime qui est concernée par la vengeance, en aucun cas le tayp entier. Autrement, si le tayp entier déclarait vengeance, il y aurait eu de réels massacres.
Selon Mamakaev, les mariages étaient interdits entre les membres d’un même tayp, et interdit entre les membres de deux tukkhums différents. Cela pour garantir une lignée saine et nombreuse. Cependant, puisque la mère venait forcément d’un tayp différent, il était également déconseillé de marier les proches du côté maternel sur au moins 3 générations.
En réalité, c’est strictement faux. Plusieurs tayps ne respectaient déjà pas du tout cette condition, et le mariage était déconseillé entre les membres d’un même lignée, donc sur 9 générations du côté paternel, et 5 du côté maternel selon Nataev. Pour Avtorkhanov cette règle là s’est affaiblit.
Pour Dalgat, le tayp n’était pas dirigé par un chef mais par un conseil composé de tous les chefs. Les Tchétchènes et les Ingouches ont des chefs de la cour (famille). Et ce chef là ne s’occupait que des problèmes de sa cour.
Selon Nataev, un tayp pouvait avoir un chef, mais uniquement lorsqu’il était composé de très peu de membres et donc était vraiment un groupe lié par le sang ou la parenté.
En ce qui concerne l’affirmation de Mamakaev, les recherches montrent que les tayps, comme nous les connaissions à cette période et bien avant, n’avaient pas de chefs. Il rejoint l’avis de Dalgat en disant que les problèmes individuels se réglaient par les chefs représentants chaque cour « цьханна ц1ийна нах», mais qu’ils se réglaient lors d’un conseil constitué de chacun de ces représentants lorsque le problème touchait le tayp de manière générale.
Toutefois, dans le folklore tchétchène existent les termes Père du Pays (Мехка Да) et Mère du Pays (Мехка Нана). Ce n’était pas un couple, mais des personnes élues.
Le Père du Pays organisait la défense du pays, l’administration du pays, et le respect des lois. La Mère du Pays quant à elle s’occupait des questions liées à l’éducation des enfants, la moralité et les bonnes mœurs.
Selon Nataev, en temps de guerre, un Père de la Guerre (Т1еман Да) était élu. Pour l’aider, il y avait les chefs de guerre (баьчча) et les Murkkhis (муркхи). Du côté des dires de Mamakaev, en temps de guerre c’est un chef de guerre qui est élu.
Et en ce qui concerne le chef du tayp, il n’existerait, selon lui, aucune preuve de son existence
Selon Mamakaev et Avtorkhanov, les femmes ne prennent pas part au débat lors des conseils et les hommes parlent en leur nom.
Il est tout de même à noter que selon Nataev, le rôle de la femme est très sous-estimé dans les écrits à l’ère soviétique, et vous pouvez lire cette ébauche sur la place de la femme dans la société traditionnelle.
15 → Droit d’intégration d’un étranger dans un tayp
L’initiative et le droit d’adopter des membres d’autres tayp appartenait aux ménages (c1a) et non au tayp. Il y a eu des cas de refus d’accepter d’autres personnes dans le tayp, par exemple quand le ménage prenant l’initiative avait un trop faible revenu, ou encore que le membre avait été expulsé de son tayp d’origine après avoir commis une faute grave.
16 → Transfert des biens du défunt aux membres du tayp
En revanche, les biens de grande valeur et personnels étaient, tel que l’armure de guerre, étaient enterrées avec le défunt.
Pour ça, Nataev nous apprend qu’il est difficile de considérer ce principe là comme une loi puisque cette tradition existait déjà avant et était répandue chez d’autres. De plus, avec l’Islam, les défunts n’emportaient plus aucun bien dans leurs tombes.
Mais en réalité ça n’était vrai qu’au départ. Seul 84 tayps ont leur montagne selon Nataev. Certains tayps ont même plusieurs montagnes à leur nom.
Kosven dit même qu’il y avait dans chaque village autant de tours que de patronymes (famille patronymique).
Ce principe là s’est conservé dans les montagnes, mais perdu dans les plaines selon Nataev.
En revanche, si chaque tayp avait eu ses divinités, cela devait remonter aux temps plus anciens.
En revanche, Nataev explique que l’hospitalité n’est pas un principe du tayp mais une coutume importante et partagée entre les peuples du Caucase.